dimanche 28 janvier 2007

L'ONA reprend les rênes de Marjane et Acima


· La commission d’arbitrage désavoue Auchan

· Un deuxième membre ONA dans le directoire

· Revirement attendu dans la stratégie

C’est tranché. L’ONA reprend la gestion opérationnelle des deux enseignes Marjane et Acima. Le différend entre la holding et son partenaire français Auchan, depuis 2001, (cf.www.leconomiste.com) a été porté devant une commission d’arbitrage ad-hoc qui s’est réunie hier dans la matinée à la demande d’Auchan. Elle est constituée de trois juristes, le premier choisi par l’ONA, le second par Auchan et le troisième par le président du tribunal de commerce de Casablanca sur requête du groupe français. La holding qui voit sa position renforcée, suite à la sentence arbitrale, reprend ainsi le contrôle de la gestion de ses deux enseignes. Dans le tour de table des deux entités, l’ONA détient 51% et Auchan le reste. Le groupe français a bien essayé de reprendre la majorité du capital, mais en vain. En effet, il s’est vu opposer une fin de non-recevoir. Mais que dit au juste le pacte d’actionnariat?
Les motifs du litige sont nombreux, le plus important étant la composition des instances de gouvernance. Que ce soit dans Marjane holding ou Acima holding, c’est le principe de parité qui s’appliquait jusqu’alors entre les deux partenaires, en dépit du poids majoritaire de l’ONA dans le capital: un président ONA et un directeur général Auchan.
La holding souhaitait que sa représentativité soit conforme à la configuration du capital, ce qui lui donnerait plus de poids. La décision avait d’ailleurs été entérinée en conseil de surveillance. Ce qui n’était pas du goût d’Auchan, d’où le recours à une commission d’arbitrage. Celle-ci autorise donc la nomination d’un deuxième membre du directoire pour Marjane et Acima relevant de l’ONA. Jusqu’ici, ce sont les stratèges d’Auchan qui se chargeaient donc de gérer le développement des deux enseignes de la grande distribution. Cette forte implication des responsables français coûte d’ailleurs très cher: une bonne dizaine de postes à haute responsabilité, facturés par Auchan à son partenaire. Le groupe français s’en tiendra-t-il à la décision de la commission? Dans le cas contraire, il aura toujours le moyen de recourir au tribunal de commerce. La possibilité d’un divorce n’est pas non plus écartée, même si la holding dit souhaiter poursuivre sa collaboration avec Auchan «pour autant que celui-ci respecte les ambitions de l’ONA». Déjà, des rumeurs parlent d’une éventuelle réorganisation de Marjane et d’un départ possible de Tajeddine Guennouni, président du directoire. Ce qui est sûr, c’est que la reprise en main de l’ONA va chambouler la stratégie de développement des deux enseignes et toute la politique d’investissement et d’approvisionnement. L’ONA affirme que «depuis près de huit mois, Auchan freine l’effort d’investissement alors qu’il est indispensable d’accélérer la création de supermarchés et d’hypermarchés au Maroc où s’exerce une forte demande». L’ONA, qui exploitait déjà six hypermarchés avant l’arrivée de son partenaire, contre 14 aujourd’hui, soutient que le tableau de marché en prévoyait davantage. En effet, les deux partenaires, n’étaient pas toujours sur la même longueur d’onde concernant, notamment, le déploiement dans les zones du Nord, jugées peu rentables par le partenaire français, à cause de la contrebande. L’ONA aurait maintenant les mains libres pour restreindre les ventes d’alcool dans les surfaces des quartiers périphériques, comme le précise une source proche du dossier. Une manne financière importante (les ventes d’alcool constituent un bon tiers du chiffre d’affaires de la chaîne d’hypermarchés) dont Auchan accepterait difficilement de se priver.

Aucun commentaire: